Lorsque j’ai connu mon mari fin 2017, il m’a annoncé lors de notre premier rendez-vous qu’il rêvait d’étudier un MBA à Singapour, et qu’il commençait d’ores et déjà à s’y préparer. Alors que je pensais que notre histoire n’avait pas d’avenir, quelques mois après notre rencontre, il était évident que nous partirions vivre un jour cette aventure à deux.
C’est en 2019 que les choses sont devenues sérieuses, avec une préparation pour le GMAT, indispensable pour présenter sa candidature à l’université, ainsi que la rédaction de nombreuses lettres pour déposer son dossier.
Nous sommes fin 2019, et nous attendons une réponse positive de l’université afin de déménager à Singapour au mois d’août, en vue d’un début des cours en septembre.
Ce que nous ne savions pas, c’est que le monde allait changer du tout au tout et d’un jour à l’autre, et que nos plans allaient forcément en pâtir.
Au printemps 2020, alors que nous sommes incertains quant à l’avenir, mon mari est déjà inscrit à l’université et nous nous demandons comment un déménagement à Singapour sera possible. Nous décidons tout de même de nous marier civilement, même si notre « vrai » mariage a été annulé, car nous pensons qu’il sera certainement indispensable d’être unis civilement pour que je puisse moi aussi obtenir un visa d’entrée.
En septembre, nous nous rendons compte que notre rêve ne restera certainement qu’un rêve… les partenaires mariés ne sont pas autorisés à se rendre à Singapour, et les règles de vie y sont tellement strictes qu’on se demande si le déplacement en vaut réellement la peine.
L’université nous offre finalement une place de dernière minute au sein du campus de Fontainebleau, en attendant que la situation globale s’améliore. Nous passons la première période des cours en région parisienne (ou peut-être que Fontainebleau n’est pas considéré comme tel, mais venant de Marseille, pour moi c’est la même chose !), jusqu’à ce que fin novembre, ou début décembre, je ne sais plus, les partenaires mariés aient enfin la possibilité d’obtenir un visa !
Un mois plus tard, nous voilà embarqués dans un avion Dubaï-Singapour, après avoir réalisé deux ou trois PCR dont les résultats sont arrivés in extremis avant notre départ.
À notre arrivée, nous devrons être placés en quarantaine dans une chambre d’hôtel pendant 15 jours, un hôtel que nous n’avons pas pu choisir, mais que nous avons déjà payé une fortune.
L’avion à peine atterrit, je ne me sens pas vraiment la bienvenue. Une fois le contrôle d’immigration passé, nous sommes entourés de militaires armés qui nous escortent jusqu’à un bus, direction l’hôtel.
J’essaye de deviner où nous serons logés. Je prie pour tomber sur un hôtel de luxe (tant qu’à faire), comme nos amis qui sont déjà enfermés dans le Swissôtel avec vue sur le Marina Bay Sands. Manque de chance pour nous, le bus s’arrête quelques minutes plus tard devant un bâtiment miteux. Un des gardes monte à bord et nous indique à mon mari et moi ainsi qu’à une dizaine d’autres personnes de débarquer. Les autres passagers iront loger à un autre établissement.
À ce moment-là, je me sens totalement impuissante. Je regarde l’hôtel et je n’ai qu’une envie, c’est de pleurer. À dire que nous allons être enfermés deux semaines ici… c’est dur à imaginer. Lors de notre « check-in », l’officier nous demande notre choix de menu (végétarien, occidental ou asiatique) et nous guide vers notre chambre.
En arrivant, c’est le soulagement pour tous les deux, la chambre est grande, elle est équipée d’un espace de travail et d’un mini salon… mais surtout, nous avons un balcon ! C’est une véritable aubaine de pouvoir ouvrir la fenêtre et d’aérer la pièce chaque jour, de pouvoir fumer (pour lui), et de prendre une pause sur le balcon. Dans les hôtels luxueux, nos amis ne peuvent même pas ouvrir la fenêtre.
Nous sommes le 31 décembre 2020, et nous nous apprêtons à vivre ce passage au Nouvel An dans ce pays qui nous fait rêver depuis bien des années, enfermés dans une chambre d’hôtel qui n’est finalement pas trop mal, ensemble et plein d’illusions. C’est le début d’une incroyable aventure.
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